Les mitrailleuses du premier conflit mondial.

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Fusil mitrailleur Chauchat.

FM modèle 1915 C.S.R.G.

 

Le fusil mitrailleur Chauchat n'est pas, comme son nom l'indique, une mitrailleuse mais un fusil mitrailleur ou une mitrailleuse légère. C'est une arme automatique a tir continu qui fonctionne par long recul du canon. Il tire la cartouche standard de 8mm modèle 1886 D am ; l'alimentation se fait à l'aide de chargeurs semi-circulaires d'une contenance de 20 cartouches. La cadence de tir est de 350 à 400 coups/minute.

Historique :

La conception du fusil mitrailleur Chauchat remonte à 1903 ; son mode de fonctionnement étant basé sur les conceptions d'un hongrois, Rudolphe Frominer. Il fut développé entre 1903 et 1910 par une commission du Comité d'artillerie composée par le capitaine Louis Chauchat, le maître d'armes Charles Sutter, monsieur Ribeyrolle et la firme Gladiator. Plusieurs prototypes virent le jour aux ateliers de construction de Puteaux. Quelques petites séries furent alors fabriquées dans les ateliers de Saint Etienne, de 1910 à 1914. L'arme était alors d'une fabrication soignée ; nous ignorons aujourd'hui ses performances. Aucune décision ne fut prise et le projet en resta là. L'explication de cette décision est certainement contenu dans un des principes fondamental de la tactique offensive française d'alors : L'infanterie agit par la combinaison du mouvement et du feu, son but est d'avancer, le feu n'est que l'auxiliaire du mouvement. La marche en avant de l'infanterie, bien plus que son feu qui parfois n'est pas très meurtrier, constitue la véritable menace qui détermine la retraite de l'ennemi". La puissance de feu de l'infanterie est alors jugée accessoire ; la volonté morale et offensive étant supposée être le moteur principal de la réussite d'un assaut !! Doter l'infanterie d'une arme aussi coûteuse en munitions, beaucoup moins précise que la mitrailleuse et s'échauffant bien plus rapidement, semblait être une opération bien hasardeuse, pensait-on.

Ci-dessus : Un des prototypes fabriqué dans les ateliers de la MAS, entre 1910 et 1914. La forme générale se rapproche du FM Chauchat. La qualité de fabrication sur ce prototype est parfaitement bien soignée. On appréciera l'allure extrêmement moderne de l'arme, à comparer au modèle simplifié jusqu'à l'exécrable que nous connaissons. 

 

 

Puis vint les terribles hécatombes des premiers mois de campagne en 1914, la déconvenue tactique sans précédant  face à une situation imprévue (les armées rendues immobiles et enterrées face à face), les échecs répétés des vaines tentatives offensives qui se soldaient par la perte de milliers d'hommes pour des gains nuls... La conception de l'utilisation des armes automatiques devait être entièrement révisée : "(...)la section de mitrailleuse, à laquelle manque la capacité offensive résultant du mouvement en avant, ne peut agir qu'en liaison intime avec l'infanterie dont elle est l'auxiliaire". "L'infanterie doit marcher et tirera pour marcher, la mitrailleuse doit tirer et marchera pour tirer", pensait-on en août 1914. Force était de constater que les sections de mitrailleuse ne marchaient pas sous le feu pour agir en liaison ultime avec l'infanterie, et pour cause ! La mitrailleuse et son affût pesaient environ 60 kg. On pensait alors pouvoir rendre sa capacité offensive à l'infanterie française en lui donnant la supériorité du feu, cela en dotant ses compagnies d'armes automatiques légères, des mitrailleuses portatives ou bien mieux, des fusils mitrailleuses que l'on appela rapidement fusils mitrailleurs. Un modèle était disponible, celui de la commission de monsieur Chauchat et c'est tout naturellement vers celui-ci que l'on s'orienta. Comment produire au plus vite une telle arme, alors que l'industrie tournait déjà à plein régime ? On imagina une simplification à l'extrême du modèle existant et on fit alors appel à des techniques révolutionnaires : utilisation de métal estampé, embouti, d'acier rivé ou grossièrement soudé, sous traitance à quantité d'usines de pièces détachées assemblées ensuite à la chaîne. Les métaux utilisés était souvent de mauvaise qualité ; les pièces étaient usinées de façon grossière et la tolérance pour les réceptionner fut grande. L'assemblage était réalisé avec un ajustage à minima. Le fusil mitrailleur Chauchat fut principalement fabriqué par la société des cycles Clément et Gladiator à Paris et dans les forges et aciéries de marine à Homécourt et à Saint Chamond.

Si la production fut réalisée en un temps record, la qualité de l'arme s'en ressentie de façon importante. Sur le front, confronté aux conditions d'utilisation extrême, dans la boue et la poussière, sont fonctionnement était sujet à de très nombreux enrayage. Son système de fonctionnement par long recul du canon donnait, lors du tir, de fortes secousses et trépidations. La forme irrationnelle de son chargeur, du à la forme de l'étui de la cartouche, conduisait à de très fréquents incidents de tir : défaut d'accrochage de ce dernier, colmatage de la chambre par la boue qui remontait du chargeur après s'être collée aux cartouches par les évidements de la tôle, déformation après choc... Il faut encore ajouter les enrayages dû au frottement canon-culasse à l'intérieur du manchon, pour cause de fabrication défectueuse ou de l'introduction de saletés à l'intérieur du manchon. Citons également les difficultés d'extraction qui se produisaient lorsque les tolérances des dimensions de la chambre n'avaient pas été respectées.  

Au mois d'avril 1915, 50 000 fusil mitrailleur Chauchat-Sutter sont commandés. Les premiers Chauchat furent livrés durant l'hivers 1915 au camps de Maisons-Lafitte où la formation des premiers fusiliers-mitrailleurs devait avoir lieu. En février 1916, il semble que seulement 14 fusil-mitrailleur aient été livrés. La dotation sera réalisée tout au long de l'année 1916 à raison de : 8 Chauchat par compagnie d'infanterie (ou escadron à pied), 4 par escadron à cheval, 12 par group cycliste. 

La production fut d'environ 250 000 pièces (à titre de comparaison, 127 000 pour la mitrailleuse légère allemande MG 08/15). On réussit ainsi à doter l'infanterie française dès mai 1916 d'une arme révolutionnaire et en quantité, mais d'une qualité extrêmement médiocre.

Initialement, le Chauchat fut servit par 2 hommes : un tireur et un pourvoyeur. Durant les premiers combats de la Somme en été 1916, il apparu que l'équipe à deux hommes était bien trop lourdement chargée. On créa alors une nouvelle équipe avec un deuxième pourvoyeur, soit trois hommes au total. En septembre 1917, la section d'infanterie fut réorganisée et divisée en deux demi-sections de deux escouades. Dans chaque demi-section, on créa une escouade de fusiliers et de grenadiers VB articulée autour du fusil mitrailleur et comportant : un caporal chef d'équipe, un fusilier-tireur et deux pourvoyeurs. A la fin de l'année 1918, la dotation en fusil-mitrailleur fut augmentée en passant à trois par section.

Voici la chronologie de ces évolutions :

La direction de l'infanterie se pencha dès mars 1915 sur l'équipe qui devait servir le Fusil Mitrailleur et sur son équipement. Au mois d'avril, elle fut arrêtée ainsi : un tireur armé du plus grand nombre possible de chargeur et un pourvoyeur portant le plus grand nombre possible de cartouches en paquet. Le 18 novembre 1915, une première collection de grand équipement pour FM fut proposée au général Joffre. Le tireur devait être muni d'un havresac spécial contenant 16 chargeurs et de deux poches à chargeur contenant chacune deux chargeurs. Mais, les essais effectués à Maisons-Laffite en janvier 1916 amenèrent à diminuer le nombre de chargeurs portés par le tireur : 16 au lieu de 20. Ces dispositions furent entérinées par l'Instruction provisoire sur le fusil mitrailleur modèle 1915 du 1er février 1916. Elles correspondent aux dispositions des premiers mois de mise en service du FM.

Rapidement, il apparut que l'équipe constituée de deux hommes était trop lourdement chargée. Le GQG tiendra compte des observations faites au cours des premiers combats, « Les combats qui viennent  de se dérouler sur la Somme ont fait ressortir la nécessité d’augmenter le personnel affecté au service de chaque FM et de répartir les chargeurs sur deux fusiliers au moins de manière à éviter que la disparition du tireur n'empêche l'utilisation ultérieure de l'arme (...)». Une première modification est publiée le 24 juillet 1916 : chaque FM est servit par 3 hommes : un tireur et deux pourvoyeurs (premier et deuxième). Les chargeurs sont répartis sur le tireur et le premier pourvoyeur, le second complète l'approvisionnement en munitions en ne portant que des trousses à cartouches. Le premier pourvoyeur porte un pistolet automatique (comme le tireur) dans une cartouchière plate et récupère le lourd havresac spécial du tireur (contenant 8 chargeurs) et une musette contenant quatre trousses. Le second pourvoyeur porte un lebel et l’équipement ordinaire plus 6 trousses. Le tireur échange son havresac spécial contre une musette contenant quatre chargeurs, la trousse de nettoyage et ses deux cartouchières à chargeurs en forme de demi-lune. Ces cartouchières sont portées cintre vers l'intérieur. La dotation de l'équipe est de 1024 cartouches.

La nouvelle organisation de la section d’infanterie  adoptée le 10 septembre 1917,qui divise la section en deux demi-sections de deux escouades, modifia à nouveau l’articulation de l’équipe Chauchat, qui comprend dorénavant 4 hommes : un caporal chef d’équipe, un fusilier tireur et 2 pourvoyeurs. Dans chaque demi-section fut constitué une escouade de fusiliers et de grenadiers VB articulée autour d'un FM. La dotation en munitions fut réduite au profit de la maniabilité et de la rapidité de mise en service ; les munitions sont maintenant presque toutes transportées en chargeurs. Le caporal chef d'équipe porte l'équipement ordinaire et une musette spéciale, les deux pourvoyeurs portent chacun un havresac spécial. Les cartouchières à chargeurs de forme demi-lune sont maintenant (description du 25 mai 1917) portées cintre vers l'extérieur et munies d'un contre-sanglon et d'un boucleteau.

Ces dispositions finiront par être abrogées à la fin du conflit avec la nouvelle organisation du 10 octobre 1918 : l’équipe comportait un caporal, un tireur, un pourvoyeur et 3 aides pourvoyeurs. Le caporal ne connaît aucun changement. Le tireur n'emporte plus que trois chargeurs au lieu de huit et perd ses cartouchières caractéristiques. Le premier pourvoyeur conserve son équipement et perd quatre chargeurs. Les aides-pourvoyeurs sont armés du mousqueton, et dotés d'une musette et d'un havresac spécial chacun. Ils emportent chacun huit chargeurs.

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 
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