Les mitrailleuses du premier conflit mondial.

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Mitrailleuses de Puteaux.

Mitrailleuse de Puteaux

Ci dessus : détails des marquages du boitier culasse. (exemplaire du Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire - Bruxelles)

 

Ci-dessus : mitrailleuse didactique vue en coupe.

 

 

Généralités :

 

C'est une arme automatique, à tir automatique, fonctionnant par détente des gaz à la bouche. Sa cadence de tir est variable, de 30 à environ 600 coups/minute.

Calibre : 8mn.

Alimentation par bandes rigides de 25 cartouches.

 

 

 

Fonctionnement :

 

Pendant le court instant où la balle traverse la bague de poussée D (à l'extrémité du canon), les gaz se répandent dans la chambre à gaz (la partie ogivale de la bague) et poussent la bague en avant. Celle-ci entraîne la tringle L et le ressort récupérateur R qui se trouve comprimé entre la saillie du manchon et la bague de contre appui ; la culasse est amenée vers l'arrière C (déverrouillage, extraction, armé, éjection), puis le ressort récupérateur la ramène en avant (décrochage, introduction de la cartouche, verrouillage et percussion).

Ce système fut également employé dans le fusil Bang, qui ne sera jamais mis en service.

 

 

Historique :

 

Les armes automatiques fonctionnant par emprunt des gaz ont été  inventé par un certain baron von Odkolek, capitaine de l'armée austro-hongroise, en 1893. Le brevet fut ensuite vendu à la firme Hotchkiss, qui produisit sa mitrailleuse vers 1895. L'Armée française, qui désirait disposer de sa propre arme automatique, mis à l'essai la mitrailleuse Hotchkiss dès 1900 (ou avant, en 1897 vraisemblablement ). Elle essaya également une quantité de mitrailleuses, automatiques ou non : Vickers, Colt et Maxim. Le modèle Hotchkiss se révéla excellent dans toutes les situations. Malheureusement, Hotchkiss etait une firme privée, l'inventeur de sa mitrailleuse un étranger et sa mise au point avait été réalisée par une équipe civile composée de Français et d'Américains! Cela faisait beaucoup pour l'Armée française, chez qui la culture du secret était déjà poussée à l'extrême. 

 

On décida donc d'étudier une arme automatique nationale dans les ateliers de l'État, à Puteaux, qui se devait d'être bien plus élaborée. On souhaitait en effet pouvoir modifier facilement la cadence de tir de l'arme. Le système mis au point par Maxim fut écarté car il avait pour défaut de conserver une cartouche dans le canon entre deux tirs.

 

Ainsi, on continua d'expérimenter un système de récupération de l'énergie des gaz à la sortie du canon (il semble que ce type de fonctionnement était déjà à l'essai en France. Sur quelle arme, par qui et pourquoi?). Mais la mise au point s'avéra délicate et des très nombreux problèmes de "détails" restèrent en suspend . En 1903, l'arsenal de Puteaux réussit enfin la production de sa mitrailleuse. Le fonctionnement de l'arme nécessitait d'inverser le sens du mouvement du piston récupérateur (vers l'avant) pour mouvoir le système culasse en sens inverse, vers l'arrière. Cette difficulté avait été résolue par l'introduction d'un mécanisme à crémaillère dans le boîtier culasse.

L'expérience de l'utilisation de la mitrailleuse Hotchkiss avait amené les ingénieurs à privilégier l'utilisation d'un système de refroidissement par air, bien préférable, pensait-on, dans les campagnes coloniales où le ravitaillement en eau posait de gros problèmes. En contrepartie, le canon fut recouvert d'une carcasse de bronze, dans le but d'obtenir un refroidissement plus important. En réalité, les canons à refroidissement par air ne permirent jamais d'obtenir un refroidissement aussi rapide qu'avec ceux à refroidissement par eau, comme la Maxim allemande. La solution consistait alors à prévoir un système de démontage rapide du canon (comme la Hotchkiss 1914), et un stock de canon de rechange.

En 1906, on se décida à comparer le prototype de Puteaux avec la Hotchkiss 1900, lors d'essais de tir. Les conclusions furent sans appel pour la Puteaux : elle résistait très mal au tir soutenu alors que l'Hotchkiss fit preuve d'une belle résistance. On mis a l'essai des canons en acier spécial mais ce fut à nouveau la déception. On finit alors par reconnaître que la faute incombait au système de récupération de l'énergie à la bouche qui provoquait un échauffement trop important des pièces. Il fallait donc revoir entièrement le fonctionnement de la mitrailleuse pour proposer un nouveau modèle qui devait aboutir à la mitrailleuse 1907, ou mitrailleuse de Saint Etienne.

A ce jour, nous ne connaissons pas exactement le nombre de mitrailleuses de Puteaux en service à la mobilisation. On peut supposer qu'après l'arrêt des mises au point décidé en 1905-1906, la production fut arrêtée.

En Octobre 1915, il restait 300 mitrailleuses de Puteaux en dotation sur le front. Elles seront retirées vers avril 1916 et réformées.

 

 

 

Descriptif :

 

Ci-dessus : Bague grattoir

Ci-dessus : détails de l'appareil moteur.

1 : bague de contre-appui

2 : manchon

3 : douille mobile

4 : bague de poussée

5 : ressort récupérateur

 

 

Elle ne diffère de la mitrailleuse St Etienne 1907, que par le canon, le radiateur, la tringle et le système moteur (et quelques autres pièces de détail dont la hausse). L'ajustage et les finitions sont également légèrement différents ; dans la mitrailleuse de Puteaux, les pièces sont interchangeables entre deux mitrailleuses de la même section. Dans la mitrailleuse 1907, toutes les pièces sont interchangeables sauf la bague écrou.

 

Canon : Il n'a pas d'évent. Il est orienté par un boulon d'assemblage (et non par un excentrique d'orientation comme sur la mitrailleuse St Etienne). Ses rayures sont identiques au fusil modèle 1886. A l'extérieur, on observe a l'avant une partie cylindrique destinée à recevoir la bague-grattoir et terminée par une partie filetée servant à visser l'écrou fixant la bague grattoir. Vers le milieu, un six pans de démontage. Vers l'arrière, sur le tonnerre, une échancrure cylindrique transversale servant au passage du boulon d'assemblage. Enfin, à l'arrière, un filetage échancré en 3 points (logement de l'extracteur, passage de la balle, prolongement de la mortaise, guide de nettoyage). Il est en acier peu résistant.

 

La bague-grattoir est fixée au canon par un écrou ; elle sert à la fois d'obturateur et d'outil de nettoyage. Elle porte 12 ailettes.

 

Radiateur : Il est en bronze ordinaire et porte 23 ailettes. On y remarque la douille de butée qui limite les mouvements de l'appareil moteur vers l'arrière. L'alliage constituant le radiateur fut jugé comme trop fragile ; il avait parfois tendance à se fendre. Il ne résistait pas à la chaleur au dessus de 200°C.

 

La tringle comprend 2 parties séparée par un coude. A sa partie antérieure, on remarque la tête destinée à recevoir le crochet de la douille mobile et sur les 2/3 de la longueur un évidement destiné au passage du corps de l'amortisseur. Le coude présente un talon qui limite les mouvements du système moteur vers l'avant et ceux de la culasse mobile vers l'arrière. La partie postérieure est identique à la mitrailleuse St Etienne.

 

Le système moteur comprend 5 pièces.

La bague de poussée réglable. On y trouve le corps de la bague et son évidement ogival où agissent les gaz sur 4 rainures en spirale ; il porte l'anneau de butée fretté sur lui et 2 ressorts fixés chacun au moyen de 2 rivets. Les coulisseaux de réglage portent des ergots qui pénètrent dans les rainures en spirale du corps de la bague. Leur position détermine le diamètre de l'ouverture de la bague. L'anneau de réglage porte sur sa face arrière 4 rainures en croix dans lesquelles se logent et peuvent glisser les coulisseaux. Sur la surface extérieure, 2 séries de 8 dents de scie et 2 traits de repère. L'écrou de serrage avec 2 graduations de 0 à 8 et deux oreilles fendues.

 

La  douille mobile. On y remarque, à l'extérieur, vers l'avant, un renflement cylindrique. A l'intérieur, un filetage destiné à recevoir la bague de poussée, une chambre où  se logent les crasses.

Le manchon. A sa partie antérieure, 28 trous de refroidissement ; une saillie circulaire formant appui pour le récupérateur. Sur le corps du manchon se trouvent 3 rainures rapportées. A sa partie postérieure, 4 rainures en L pour l'emmanchement à baïonnette du manchon.

Le ressort récupérateur.

La bague de contre appui. On y trouve le logement d'appui du récupérateur. Cette bague est indépendante du reste de l'appareil moteur.

 

La hausse

 

Elle est presque identique à celle du fusil modèle 1886. Pendant le tir, on s'aperçut que les trépidations du tir faisaient descendre le curseur le long de la planche. Il fallait donc, après chaque série de tir, vérifier non seulement le pointage, mais aussi la hausse. De plus, les graduations situées entre 400 et 900 mètres s'avérèrent insuffisantes.

 

 

 

Le guidon, situé au bout du radiateur, est rabattable. La hausse, placée sur le boîtier culasse, est très proche de celle du mousqueton modèle 1890 ou 1892. 

 

Ci-dessus : Très belle vue du mécanisme du boitier culasse de la Puteaux ; un chef d'oeuvre de complexité... La mitrailleuse de Puteaux est conçue pour fonctionner par paire, au sein de la section. Ainsi, certaines pièces d'usure sont interchangeables d'une machine à une autre, comme la culasse et l'auget. Ces pièces sont marquées aux deux numéros des deux mitrailleuses ; ici, 73-74. 

 

 

Mitrailleurs du 94 R.I.T. servant une mitrailleuse Puteaux.

 

De la mitrailleuse de Puteaux à la mitrailleuse Saint Etienne modèle 1907  

En 1905, la mitrailleuse de Puteaux fut présentée à l'Ecole normale de tir de Châlons ; elle devait y subir une série de tests. Le rapport issue de ces essais mit en avant de nombreux défauts. Le réglage à la bouche de la bague de poussée fut jugé dangereux et mal conçu. L'échauffement du canon semblait excessif. Un tir de 1000 coups ininterrompus, à une cadence de 200 c/minute, suffisait à amener la partie terminale du canon au rouge ceris. Au delà de ces 1000 coups, l'usure du canon était déjà importante et le tir perdait en précision. En dehors du canon, l'ensemble des pièces de la mitrailleuse présentaient cependant une résistance importante. La Puteaux à peine adoptée, de nombreuses modifications semblaient inévitables ; modification de l'appareil de réglage de la poussée des gaz, modification du système récupérateur de l'énergie des gaz, modification de la hausse, modification de l'acier du canon.

Au début de 1907, la Commission d'Expérience de Versailles proposait ses premières transformations. L'appareil moteur fut transformé par un système fonctionnant par emprunt des gaz. Un trou fut pratiqué dans le canon et en dessous, une chambre à gaz dans laquelle le piston devait se mouvoir fut ajoutée. Le réglage de la poussée s'effectuait en faisant varier la longueur de la tige du piston, à l'aide de la clef de démontage de ce dernier. Le démontage du canon fut rendu plus rapide grâce à un verrou. L'extrémité du canon perdait son appareil moteur et le radiateur fut diminué en longueur. Trois mitrailleuses ainsi modifiées (portant les numéros 209, 210 et 211) furent soumises aux essais à l'Ecole normale de tir en juillet 1907. Le fonctionnement semblait moins régulier qu'avec la mitrailleuse Puteaux. Le dispositif  du nouveau moteur apportait un réel progrès en matière d'échauffement mais devait être modifié en vue d'obtenir une meilleur régularité. Enfin, le dispositif de changement du canon était mal conçu.

Le 13 décembre 1907, deux nouvelles mitrailleuses, à nouveau transformées par la manufacture de Saint Etienne furent à nouveau essayées à l'Ecole de tir (les numéros 212 et 213, voir en détails ci-dessous). L'appareil moteur avait été revu, le radiateur allégé par la suppression des ailettes, la rayure des canons modifiée. L'ensemble des problèmes signalés auparavant n'était pourtant pas résolu et l'Ecole de tir donna un avis négatif à l'adoption de la transformation. Saint Etienne proposa alors de nouvelles modifications le 28 décembre : création d'un nouveau régulateur de la pression des gaz au niveau de la chambre à gaz, création des grains d'appui du canon qui évitaient les fuites au niveau de l'emprunt des gaz, nouvel acier au nickel pour le canon, radiateur renforcé par l'utilisation d'un nouvel alliage (bronze et aluminium) plus résistant et enfin une nouvelle hausse (hausse Buet). La mitrailleuse Saint Etienne modèle 1907 était née.

 


Un des prototypes de la mitrailleuse Saint Etienne, la mitrailleuse de Puteaux n°212.

Cette mitrailleuse est actuellement conservée au Musée de L'Infanterie de Montpellier.

Il s’agit en effet d’une mitrailleuse Puteaux (fonctionnant initialement par détente des gaz à la bouche), modifiée sur proposition de la Commission d’expérience de Versailles par l’atelier de St Etienne, en vue d’être essayée par l’Ecole normale de tir de Châlons, en 1907. Il s’agissait alors de modifier la mitrailleuse Puteaux en une nouvelle arme fonctionnant par emprunt des gaz, pour résoudre un problème d’échauffement qui incombait au système de récupération de l'énergie à la bouche.

 

Ci dessus : vue générale du prototype, qui était identifié comme une simple mitrailleuse de Saint Etienne.

 

 
 

La mitrailleuse de Puteaux n°212 fut fabriquée à Saint Etienne en 1905.

 

La pièce n° 212 à subie les transformations suivantes :

L’appareil moteur a un profil relativement proche de la St Etienne. Le ressort récupérateur, initialement disposé autour du canon, a été déporté sous la « demi-lune » (pièce en bronze sous le carter). Le radiateur de bronze à été découpé et allégé ; les fixations du carter ont été déplacées vers l’arrière. Le guidon est fixé directement sur le canon dont le profil a été revu. Le démontage du canon a été modifié ; il semble qu’il se démonte grâce à un filetage à filets interrompus, en un quart de tour (comme sur la mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914). Une clavette excentrique de démontage à été ajoutée, pour un démontage bien plus facile.

 
Ci dessus : modification du radiateur, du canon, de la clavette de démontage et du ressort récupérateur.   Ci dessus : modification du canon, système d'emprunt des gaz et piston.

 

 


Bandes rigides

Elles sont spécifiques au modèle de Puteaux.

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Une mitrailleuse de Puteaux de prise, utilisée par les allemands en anti-aérien. Elle est montée sur un affût modèle 1907 de rempart dont le masque à été démonté. En 1908, les Puteaux ont été envoyées en dotation aux sections de mitrailleuses de forteresse. Les sections de mitrailleuses de défense des forts et ouvrages sont dotés de ce type d'affût.

 

 

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Ci dessus : Section de mitrailleuses de Puteaux dans un régiment de Chasseurs à cheval avant guerre.
 
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