Les mitrailleuses du premier conflit mondial.

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Tactique d'utilisation des mitrailleuses françaises durant la Première Guerre mondiale.


 

 

Au début de son emploi, la mitrailleuse fut considéré comme étant une arme de la défensive. Sa capacité offensive ne fut admise que tardivement et ne figure dans le règlement qu'à partir du 19 juillet 1912 : "Les mitrailleuses interviennent dans le combat offensif en renforçant par leur feu celui des troupes de combat". Son emploi tactique offensif est cependant grevé de nombreuses conceptions erronées, qui auront des conséquences tragiques en 1915 et 1915. "L'infanterie agit par la combinaison du mouvement et du feu, son but est d'avancer, le feu n'est que l'auxiliaire du mouvement. La marche en avant de l'infanterie, bien plus que son feu qui parfois n'est pas très meurtrier, constitue la véritable menace qui détermine la retraite de l'ennemi". "L'infanterie doit marcher et tirera pour marcher, la mitrailleuse doit tirer et marchera pour tirer". On sait quel résultat on obtiendra devant les mitrailleuses allemandes groupées par compagnies... La mitrailleuse est peu mobile et n'accompagnera jamais les vagues serrées de fantassins chargeant l'ennemi sans aucune préparation du terrain. Certaines notions, qui seront systématiquement mis en application quelques années plus tard son pourtant évoquées dans la formation des mitrailleurs avant guerre : "On fera appel à la mitrailleuse pour remplir dans l'offensive quelques missions spéciales : couvrir les flancs d'une attaque, occuper les points d'appui à mesure qu'on s'en est emparé, jalonner une position de repli, (...) dans l'attaque des points d'appui".  Il ne s'agit là que de quelques missions spéciales et il faudra encore attendre avant de voir ces notions appliquées lors des combats offensifs. 

1914 et 1915

En France, la mitrailleuse est alors considérée comme l'auxiliaire de l'infanterie, sans tactique spéciale : "(...)la section de mitrailleuse, à laquelle manque la capacité offensive résultant du mouvement en avant, ne peut agir qu'en liaison intime avec l'infanterie dont elle est l'auxiliaire", "la mitrailleuse est au contraire l'auxiliaire de l'infanterie dans toutes les circonstances du combat rapproché", "(...) il faut donc éviter d'engager prématurément les mitrailleuses et aussi de les grouper" (Règlement sur les sections de mitrailleuses d'infanterie, 25 novembre 1912).

La section est considérée comme l'unité de manoeuvre : "elles agiront le plus souvent par sections, en liaison immédiate avec les troupes d'infanterie, au milieu desquelles elles trouveront des emplacements favorable et convenablement abrités" (Règlement sur les sections de mitrailleuses d'infanterie, 25 novembre 1912).

Les sections, durant les combats, sont réparties dans les bataillons et le plus souvent, sont abandonnées à elles-mêmes quand elles ne sont pas oubliées tout à fait. Leur puissance de feu est à peu près perdue dans l'ensemble et si elles se trouvent quelquefois au point voulu, elles sont trop faibles pour amener un résultat décisif. Elles combattent donc pour elles-mêmes, sans liaison et sans mission bien définie, au petit bonheur... La section de mitrailleuses ne comprend pas d'agent de liaison ; cette liaison, jugée comme insuffisante par le règlement est qualifiée de liaison morale (!) : "Si le colonel a bien orienté le chef de section sur sa mission, si ce dernier l'a bien comprise, il devra agir librement, toujours pénétré de la pensée et de la volonté de son chef". Quant à la liaison avec les unités voisines, elle est définie ainsi :" Les unités voisines d'une section de mitrailleuses doivent savoir que les mitrailleurs, peu nombreux, ne peuvent pas assurer facilement la liaison avec elles. Cette liaison pourra généralement être établie au moyen de signaux ou d'autres procédés".

La conception française sur les mitrailleuses est de les considérer comme renfort de feu, particulièrement aptes à venir renforcer les fractions déjà engagées ; "Souples et légères, occupant un espace insignifiant, n'ayant besoin pour s'abriter que d'un couvert très léger (...), elles ont particulièrement aptes à renforcer le feu des fractions déjà engagées".

A titre de comparaison, dans l'armée allemande, chaque régiment comprend une compagnie de mitrailleuses à 6 pièces. Sous une direction unique, elle forme un tout, homogène et redoutable ; c'est une puissance de feu incomparable à la disposition du commandement, qui intervient en masse dans le combat ; sa puissance de feu est alors décisive sur un point voulu. La conception allemande pour l'utilisation des mitrailleuses est de fournir un tir de feux nourris et concentrés pendant un laps de temps très court, en utilisant le maximum de pièces. Les mitrailleuses sont adjointes aux réserves tactiques et constituent des organes du commandement. Ainsi, dans la main de leurs chefs entraînés, elles sont un puissant élément de combat, se déplaçant rapidement d'un point à un autre du champ de bataille, suivant les circonstances.

Dès les premiers combats, en août 1914, les masses compactes de fantassins français, s'élançant baïonnette au canon contre les positions allemandes, sont fauchées inexorablement par les tirs précis, denses et réglées des mitrailleuses allemandes ; le bilan des premiers mois de campagne sera terrible, le plus élevé de toute la Guerre.

A l'inverse, du côté français, le "rendement" de la mitrailleuse n'est pas celui escompté. Les français réalisent alors que la mitrailleuse est une arme redoutable, mais seulement dans des mains expérimentées. L'instruction des mitrailleurs ne s'improvise pas ; il va falloir la maîtriser.

"Le chef de section de mitrailleuses dispose habituellement de trois séances par semaine pour l'instruction technique de ses mitrailleurs. Ces séances sont prises en dehors de l'exercice principal de la journée. Les mitrailleurs titulaires participent à tous les exercices : tir, service en campagne, etc..., de la compagnie où ils sont en subsistance" (Règlement français des sections de mitrailleuses, 1913). Les sections sont perdues dans la troupe et dans la pratique, leurs chefs éprouvaient toutes sortes de difficultés pour instruire leur personnel.

A l'inverse, en Allemagne, les mitrailleurs sont constitués en groupes indépendants, fortement encadrés, et forment un corps d'élite spécialisé.

 

A la fin de l'année 1915, le 24 novembre, paraît une notice sur l'emploi tactique des mitrailleuses. Son but est alors de regrouper les résultats acquis de l'expérience de 15 mois de guerre. La mitrailleuse est alors reconsidérée comme "l'arme à feu principale du fantassin". Son rôle est de repousser une offensive ou de préparer une attaque ; "toutes les fois où il suffira d'agir par le feu, il y aura intérêt à utiliser la mitrailleuse de préférence à l'infanterie".

Sur la conduite du feu, on note : "Le tir de la mitrailleuse en flanquement (parallèlement au front probable de l'ennemi) doit être la règle". "En raison de son faible effectif, la section de mitrailleuse à la possibilité d'agir par surprise et d'obtenir ainsi des effets considérables. L'ouverture du feu par surprise devra être la règle. Action de flanc et par surprise, telles son les deux conditions qu'on devra rechercher à réaliser en toutes circonstances". L'emploi de la mitrailleuse est alors redéfini sur la base de l'organisation allemande : "Le groupement des sections de mitrailleuses en compagnies assure l'instruction du personnel, l'entretien du matériel dans de bonnes conditions et favorise en outre la cohésion et l'esprit de corps. Les compagnies de mitrailleuse ne sont pas seulement des organes administratifs, ce sont aussi des unités tactiques". "Pour la même raison, les compagnies de mitrailleuses de brigade ne doivent pas être considérées comme une réserve de feu ; le commandant de la brigade doit les répartir sans retard entre ses deux régiments dans la proportion où il le juge convenable".

Il aura ainsi fallut attendre 15 mois pour voir le G.Q.G. diffuser des prescriptions relatives à l'emploi tactique des mitrailleuses exactement à l'opposé de celles préconisées en août 1914. On peut amèrement  remarquer que ces recommandations sont exactement celles de l'Etat major allemand en 1914.


1916

 

Ainsi, la tactique d'utilisation des mitrailleuses est entièrement revue à la fin de l'année 1915.

Leur action dans l'offensive est maintenant clairement définie :

Renforcement d'un front momentanément stationnaire (suite à un assaut, pour assurer la possession d'un terrain précédemment conquis en donnant le temps d'organiser ce terrain et de préparer la reprise du mouvement).

Préparation d'une attaque en complétant l'action de l'artillerie ou en s'y substituant quand il est nécessaire d'agir très vite et par surprise.

Couverture des flanc d'une attaque.

Occupation d'un intervalle créé entre deux unités.

Dans la défensive, l'emploi en flanquement s'impose d'une façon évidente, en les protégeant des feux de l'artillerie ennemi : les placer sous abris à l'épreuve des coups et les échelonner en profondeur.

 

 

Suite en préparation 

 

 

 

 

 

 

 

 
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